Combattre la dépression partie 11 : Accepter la souffrance



    Curieusement, dans certains combats très intenses, la victoire ne réside pas dans la résistance, mais dans l'acceptation pleine et entière de la souffrance.

    Nous sommes actuellement bien peu habituées à souffrir. Nous avons inventé l'antalgie, l'analgésie, l'anesthésie,... tout un tas de moyens pour lutter contre la douleur, la diminuer ou la supprimer.
Loin de moi l'idée de nier les bienfaits de ces prouesses médicales. Qui ne serait pas reconnaissant de pouvoir faire taire sa rage de dent en attendant son rendez-vous chez le dentiste ?

    Mais parallèlement, cela a changé notre vision de la souffrance. Autrefois considérée comme normale et faisant partie de la vie, elle nous apparaît maintenant comme quelque chose qu'il faut combattre, supprimer ; comme quelque chose d'anormal.
    Nous sommes beaucoup plus enclines à nous rebeller contre la douleur. Nous avons des armes efficaces alors pourquoi se priver de faire taire même jusqu'au moindre mal de tête ?

    Pourtant, la douleur est une bonne chose. C'est un signal d'alarme créé par Dieu pour attirer notre attention sur un problème qu'il faut régler.
    Si, par exemple, je touche une surface brûlante, la douleur va me permettre de retirer ma main le plus vite possible et d'éviter ainsi que les lésions occasionnées ne soit trop importantes.
    Les personnes atteintes de maladies qui les rendent insensibles à la douleur témoignent du handicap que cela constitue dans leur vie.

    La douleur morale est aussi un signal d'alarme qui nous pousse à modifier notre perception de la vie. Nous rendre insensibles à cette douleur par le déni ou nous étourdir par l'addiction ne nous rend pas service. Ce serait comme prendre du paracétamol au lieu de retirer sa main de la plaque brûlante.
    Accepter de ressentir et d'accueillir notre souffrance morale, aussi violente soit-elle, est la seule solution pour avancer dans la bonne direction, pour prendre les bonnes décisions et pour changer ce qui doit l'être.

    L'accouchement a été un excellent apprentissage de cette vérité, pour moi. Au début, quand les douleurs sont supportables, j'ai tendance instinctivement à les affronter. Mais arrive un point où il n'existe plus aucune autre solution que d'accepter pleinement chaque vague, de se laisser complètement envahir, traverser, transpercer même. Persister à lutter, se crisper, résister ne fait qu'augmenter la sensation douloureuse et peut bloquer l'avancement du travail. Accepter la douleur, la considérer comme bénéfique, travailler avec elle conduit plus sûrement et plus rapidement à la victoire.

    Je crois que cela s'applique aussi à la souffrance morale ainsi qu'à la peur et à la faiblesse. Aussi bizarre que cela puisse paraître, l'acceptation procure une forme d'apaisement.

Contrairement à ce que l'on peut penser, l'acceptation n'est pas de la lâcheté. Accepter de souffrir, d'être faible ou d'avoir peur est au contraire un acte de courage car c'est le premier pas nécessaire pour pouvoir surmonter ces choses.


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« Toi le soldat, ne recule pas
Lorsque gronde au loin la rumeur des combats
Sois un lutteur, homme de douleur
Car jamais en vain le grain de blé ne meurt.

Souffre avec moi, Ne résiste pas.
Ce qui manque à mes souffrances achève-le
Souffre avec moi, ne refuse pas.
Pour l'amour de mon église accomplis-le. »

Extrait du chant « souffre avec moi »
Didier Silberstein
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