Combattre la dépression partie 12 : Une leçon d'humilité



    Tous ceux qui passent par la dépression sont unanimes pour dire que cette expérience (comme beaucoup d'autres épreuves douloureuses) nous enseigne l'humilité.

    Si nous pensions être une personne de caractère, une « battante », qui pouvait par sa détermination, obtenir ce qu'elle veut, nous découvrons ici les limites de notre volonté. Nous apprenons que nos propres forces sont totalement insuffisantes pour nous tirer de ce marécage où nous nous enfonçons irrésistiblement.

    Si nous nous sentions supérieures aux autres, ou plus intelligentes, nous vivons - un peu comme Nebucadnetsar (1) - l'humiliation d'être victimes d'une maladie mentale. Et pour peu que d'autres découvrent notre secret, nous leur inspirons parfois mépris, pitié ou jugement.

    Si nous pensions être exemplaires, avoir un bon témoignage envers notre entourage, nous nous découvrons capables de faire souffrir les personnes qui nous sont les plus chères, et nous sommes un poids pour elles...

    Si nous projetions d'accomplir de grandes choses pour le Seigneur, nous voilà limitées physiquement par la fatigue, les difficultés de concentration, le manque de motivation,...

Attention : Je ne suis pas en train de dire que cette épreuve est un châtiment de Dieu et que nous en sommes là parce que nous sommes orgueilleuses. On peut traverser une dépression sans avoir de problème particulier avec l'orgueil. C'est indépendant. Mais s'il y a de l'orgueil dans notre cœur, la dépression nous fait sans aucun doute descendre de notre piédestal et nous amène à faire la même constatation qu'Elie au fond de son désespoir : « je ne suis pas meilleur que mes pères. » 1 Rois 19.4

    Toutefois, cela va plus loin. L'une des conséquences de cette maladie est la dépréciation de soi. Non seulement nous ne pouvons plus avoir une haute opinion de nous-même, mais nous développons, au contraire une image pitoyable de notre personne.

    Nous nous voyons toutes en noir, à travers le spectre de nos échecs, nos explosions émotionnelles, nos comportements destructeurs, et nos idées noires. Nous devenons incapables de voir nos qualités. Nous nous pensons entièrement mauvaises, nous nous détestons. Nous nous trouvons mêmes parfois monstrueuses et cruelles au point de penser que nous ne méritons pas de vivre ou que Dieu ne peut pas nous aimer.

    Et là, il ne s'agit plus d'humilité. Ces pensées sont mensongères, dangereuses et doivent être combattues. La véritable humilité ne consiste pas à se trouver médiocre.

    Nous lisons : « Par la grâce qui m'a été donnée, je dis à chacun de vous de n'avoir pas de lui-même une trop haute opinion, mais de revêtir des sentiments modestes, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun. » Romains 12.3

    Il y a une grande différence entre « ne pas avoir une trop haute opinion » de soi et avoir une opinion au ras des pâquerettes !
    Nous ne sommes jamais exhortées à nous auto-détester. Au contraire, nous sommes bien obligées de nous aimer un peu puisque Dieu nous demande d'aimer notre prochain comme nous-mêmes. Serions-nous appelées à détester notre prochain ?

    Jésus-Christ n'était-il pas l'homme le plus humble que la terre ait porté ? Avait-il une mauvaise opinion de lui-même ? Non !
    Son humilité résidait dans le fait que malgré ce qu'Il savait être, Il était capable de s'abaisser. Il revêtait des sentiments modestes. Il ne méprisait ni les malheureux, ni les pécheurs et il était capable d'accepter contre sa personne l'humiliation et le mépris sans pour autant que sa perception de lui-même n'en soit affectée.
    A travers Son exemple, nous voyons que l'humilité ne doit pas être liée à la valeur que nous pensons avoir mais que c'est une attitude de cœur que nous devons apprendre.

    La seule solution pour adopter cette attitude équilibrée, c'est de nous voir nous-mêmes avec le regard de Dieu. Il faut nous connaître nous-mêmes, comme disait Socrate.
Aux yeux de Dieu, nous avons de la valeur quels que soit les pires défauts que nous puissions avoir et les pires péchés qui nous ayons commis.

 «Ne craignez donc point: vous valez plus que beaucoup de passereaux. » Matthieu 10.31

    S'il n'en était pas ainsi, Il ne nous aurait pas rachetées à grand prix.

    La dépression nous ouvre indéniablement les yeux sur la noirceur de notre cœur. Nous constatons que : « Ce qui est bon, je le sais, n'habite pas en moi » Romains 7.18
    Nous prenons conscience comme jamais auparavant de l'ampleur de notre nature pécheresse (et par là, de l'immensité de la miséricorde divine!). Au point que nous en arrivons à dire comme l’apôtre Paul : « Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort? » Romains 7.24
Nous nous apercevons, comme le disait un prédicateur « qu'il y a dans chacun de nous un Hitler qui sommeille. Nous sommes capables de faire des choses aussi horribles que lui ». (2)

    Mais il y a une chose que nous oublions. C'est que le péché qui habite en nous ne suffit pas à nous caractériser. Si nous n'étions que cela, Dieu ne pourrait pas avoir d'amour pour nous puisqu'il hait le péché. Or il dit que nous avons de la valeur à ses yeux, que nous sommes précieuses (Esaïe 43.4).
Pourquoi ? Parce que nous sommes son chef-d’œuvre !

    Nous pourrions nous comparer à une toile de maître. Le grand peintre nous a faites avec amour et nous devions trôner dans un musée. Nos magnifiques couleurs devaient servir à proclamer le talent du peintre. Mais par l’action d'un ennemi (et avec notre consentement), le tableau que nous sommes a été couvert d'une couche de cirage qui masque l’œuvre du peintre. Le dépôt n'est pas aussi opaque partout. On distingue encore ici ou là un trait ou une légère coloration à travers la pellicule noire. Mais pas un seul millimètre carré n'a été épargné.
    En voyant le résultat, le peintre décide de nous restaurer même si cela lui coûtera ce qu'il a de plus cher. Pourquoi ? Parce qu'il connaît la valeur qu'il nous a donnée. Il hait cette noirceur qui nous a détériorées mais il sait que nous ne sommes pas uniquement une couche de cirage. Il sait que derrière, se cachent les magnifiques couleurs qu'il a lui-même déposées.

    Le mensonge auquel nous pouvons être vulnérables quand nous souffrons de dépression, c'est que nous pouvons penser n'être qu'une couche de cirage. Oublier que nous sommes une œuvre d'art. Et ne plus nous aimer telles que nous sommes, penser que nous ne méritons pas d'exister, douter de l'amour du grand peintre,...

    Il nous faut refuser cette pensée erronée et nous souvenir que même si nous avons du mal à le voir pour l'instant, nous sommes des créatures merveilleuses de Dieu faites à son image. A cause de cela, il nous a toutes dotées de qualités qu'il possède lui-même.
Nous ne devons pas les nier. Cela suscitera alors dans notre cœur, de la reconnaissance pour les dons de Dieu et rétablira une opinion équilibrée de notre personne.

    La conviction de péché qui mène à la repentance est une très bonne chose. Mais la culpabilité constante au sujet de péchés déjà confessés est dévastatrice. Si nous ne la combattons pas, elle peut être à l'origine de comportements destructeurs car elle nous poussera à souhaiter nous punir en nous faisant souffrir.

    Parallèlement, nous pouvons aussi être sensibles au mensonge de la honte. C'est une dévalorisation de soi en relation non pas avec nos mauvaises actions, comme dans le cas de la culpabilité, mais en relation avec notre identité. Nous ne nous acceptons pas telles que nous sommes, nous développons des complexes (au sujet de notre apparence physique, de notre caractère,...), en nous comparant aux autres.
    Là encore, des comportements dangereux peuvent en découler. Nous devons apprendre à nous voir comme Dieu nous voit. C'est Lui qui nous a faites avec notre apparence physique et nos traits de caractère. Il nous a voulues ainsi, Il nous aime ainsi et Il souhaite que nous nous aimions aussi telles qu'il nous a faites plutôt que de souhaiter être différentes.

    Parfois, ce qui compte pour nous, c'est le regard des autres. Nous sommes particulièrement vulnérables à ce mensonge de la honte si nous avons été rejetées par quelqu'un, par le passé. Nous voudrions être acceptées mais nous pensons que ce n'est pas possible parce que nous ne sommes pas assez bien.
    Lorsque ces pensées nous assaillent, souvenons-nous de ceci :
- On ne peut jamais plaire à tout le monde. Ce n'est pas parce qu'une personne nous a rejetée qu'automatiquement, tout le monde le fera.
- Les personnes qui s'acceptent elles-mêmes, qui sont « bien dans leur peau » sont acceptées par les autres même si elles ne sont pas des canons de beauté ou n'ont pas un caractère extraordinaire.
- Le regard de Dieu sur nous est bien plus important que le regard des autres, et Lui ne nous a pas rejetées. Il nous a acceptées telles que nous sommes et nous a tellement aimées qu'Il a renoncé à tout ce qu'Il avait de plus précieux pour nous.

La dépression est un miroir déformant. Soyons certaines que Dieu ne nous voit pas comme nous nous voyons nous-mêmes en ce moment, et les autres non plus !


(1) Daniel 4
(2) Maurice Decker, Sermon La relation d'aide n°1, 58min
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    Tel que je suis, sans rien à moi,
    Sinon Ton sang versé pour moi,
    Et Ta voix qui m'appelle à Toi,
    Agneau de Dieu, je viens, je viens.

    Tel que je suis, bien vacillant,
    En proie au doute à chaque instant ;
    Luttes au dehors, craintes au dedans,
    Agneau de Dieu, je viens, je viens.

    Tel que je suis, Ton coeur est prêt
    À prendre le mien tel qu'il est,
    Pour tout changer, Sauveur parfait.
    Agneau de Dieu, je viens, je viens.

    Tel que je suis, Ton grand amour
    A tout pardonné sans retour.
    Je veux être à Toi dès ce jour,
    Agneau de Dieu, je viens, je viens.

    Charlotte Elliot / W. B. Bradbury
    Recueil Sur les ailes de la foi n°258


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