Je suis reconnaissante d'avoir eu un deuxième enfant

    Lorsque je n'avais qu'un seul enfant, j'étais totalement disponible pour lui. Pouvoir répondre à ses besoins me donnait le sentiment d'être une bonne maman. Il était très demandeur de temps, d'activités et d'affection,...Je voyais ses progrès, j'étais là quand il avait besoin de moi, je profitais pleinement de ses premières années de vie.

    Quand j'ai été enceinte de mon deuxième bébé, j'ai commencé à craindre de ne plus être capable de répondre aux besoins du premier et de ne pas pouvoir m'occuper du deuxième comme je m'étais occupée du premier.
J'ai essayé de bien préparer l'aîné à l'arrivée de sa petite sœur. On m'avait dit qu'il est tout à fait possible d'éviter la jalousie du premier en présentant les choses comme il le faut.


    Mais quand elle est née, toutes mes pires craintes se sont réalisées.
Les besoins du grand frère semblaient s'être décuplés. Nous avons pris bien soin de lui consacrer le plus de temps possible mais ça ne semblait jamais suffire. Subitement, il ne jouait plus jamais seul.
Il était très gentil avec sa petite sœur, mais ses pleurs et ses régressions me montraient qu'il souffrait vraiment de cette nouvelle situation.
    Je faisais moins d'activités avec lui, et peu à peu, je voyais sa curiosité diminuer. Il passait de plus en plus de temps allongé par terre à pleurer en me disant qu'il s'ennuyait. Et contrairement à tout ce que j'avais lu sur le sujet : non, laisser mon enfant s'ennuyer ne l'a pas rendu plus créatif, je dirais même au contraire.

    Les mois passaient, la petite sœur grandissait. Et je prenais conscience que je ne passais presque pas de temps à la regarder découvrir de nouvelles choses comme je l'avais fait avec son frère. Je n'avais pas le temps. J'avais passé des semaines à empiler des cubes avec son grand frère et je ne l'ai fait que 3 ou 4 fois avec elle. Au même âge que son frère aîné, elle semblait savoir faire moins de choses. Et je culpabilisais en me disant que je n'avais pas pris le temps avec elle.

    Avec l'arrivée de mon deuxième enfant, j'étais devenue une mauvaise maman.
Je n'avais plus la capacité de répondre à tous leurs besoins à chacun, autant au niveau affectif qu'au niveau de leur curiosité.

    On dit que la "jalousie" de l'aîné dure quelques semaines, quelques mois tout au plus. Moi, j'ai vu mon grand souffrir de cette situation pendant plus d'un an. Et je me demandais constamment si c'était vraiment bénéfique pour lui d'avoir une petite sœur.
De la même façon, je me demandais s'il était bénéfique pour elle d'avoir un grand frère. J'aurais pu faire tellement plus pour elle si elle avait été enfant unique !
Cela ne semblait avoir pour chacun d'eux que des aspects négatifs.

    Et puis un jour, il y a eu un déclic.
Ma petite avait 15 mois. Elle voulait tout faire comme son frère, mettait moins de choses à la bouche et ne cassait plus ce qu'il construisait.
Depuis quelques temps, il avait remarqué que lorsqu'il faisait le pitre ou répétait ses babillages, ça la faisait rire. Et il la considérait de plus en plus, non plus comme un bébé mais comme une camarade de jeux.

    Ce jour-là, ils ont eu leur premier fou-rire ensemble. Pour la première fois, ils partageaient quelque chose ensemble, sans moi. C'est l'un de ces moments magiques qu'une maman n'oublie jamais !

    A partir de ce jour-là, tout a changé. La relation qui s'est développée entre eux semble avoir effacé toute trace de souffrance chez l'aîné. Et toutes les choses que je ne peux pas prendre le temps d'apprendre à ma deuxième, son grand frère se charge de le faire.
    Moi, je n'ai plus la capacité de répondre à tous leurs besoins à chacun, mais eux, sans même s'en rendre compte, répondent chacun à certains besoins de l'autre que je ne suis pas en mesure de combler.
    Par exemple, je suis consciente de la nécessité d'être enthousiaste et énergique quand on s'occupe d'enfants. Parfois, la fatigue, une mauvaise nouvelle, une préoccupation,... m'empêchent de l'être. Mais dans ces moments-là, ils ne semblent plus gênés par mon manque d'énergie. car ils se stimulent mutuellement.

    La première année a été épuisante car ils me demandaient chacun plus que je ne pouvais donner.
Subitement, ils semblent chacun avoir beaucoup moins besoin de moi. C'est tellement agréable de me sentir moins indispensable, et de pouvoir projeter de cuisiner, faire le ménage ou n'importe quoi d'autre sans avoir autour de moi de petits enfants en pleurs parce qu'ils veulent que je m'occupe encore d'eux.

    Ils se poussent aussi mutuellement à dépasser leurs limites, ils découvrent des choses ensemble, ils apprennent le partage. Ils ont une nouvelle personne à aimer.

   Bien sûr j'ai encore un rôle à jouer pour protéger ce lien qui se tisse petit à petit, pour leur apprendre à se comporter l'un vis-à-vis de l'autre, pour éviter que les disputes ne viennent détruire cet amour qui grandit entre eux. Mais je suis de plus en plus spectatrice.

    Cette relation qu'ils ont développée au cours de ces derniers mois est une telle bénédiction pour toute la famille (bien qu'ils ne s'en rendent pas du tout compte) que je peux dire maintenant que pour rien au monde je ne voudrais revenir en arrière, au temps où je n'avais qu'un seul enfant.
Cette première année difficile pour chacun d'eux (et pour moi aussi) en valait vraiment la peine !
Le lien très fort qui se crée entre un frère est une sœur dure toute la vie. C'est beau d'être témoin de cela.
C'est l'une des joies merveilleuses de la vie d'une maman...


Commentaires

  1. Merci Glycine pour cet article, j'étais justement en pleine réflexion sur le nombre d'enfant...

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    1. Merci beaucoup Ludivine pour ton passage et ton commentaire !
      Si tu veux qu'on en discute davantage, n'hésite pas à m'écrire. J'ai bien aimé aussi ton article sur le bébé idéal !

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