Les albums pour tout-petits partie 1

Mon fils aime énormément les livres. Sa bibliothèque est composée de quelques livres que j'ai achetés ou qu'on nous a offerts, de livres que nous empruntons à la bibliothèque municipale mais surtout, en grande majorité, de livres que nous ont prêtés ses grands-parents, c'est à dire, des livres que mon mari et moi lisions quand nous étions enfants.

Lorsque nous allons à la bibliothèque municipale, malgré l'immense coin réservé aux tout-petits, j'ai souvent du mal à trouver des livres qui me conviennent pour mon fils.

D'abord parce que je suis souvent repoussée par les dessins. Les graphismes de nos livres anciens sont très soignés. Il y a beaucoup de détails (jusqu'au quadrillage sur le couvercle du pot de confiture, dans l'un de nos livres). On sent que le dessinateur a cherché à faire quelque chose de beau et je crois que cela enseigne un certain perfectionnisme à nos enfants.
Les livres que je vois dans les rayonnages ont souvent des dessins beaucoup plus grossiers. Les traits sont moins précis, il s'agit parfois de gribouillages enfantins, ou bien les dessins sont simplifiés à l’excès. Pour moi, la beauté d'un livre est importante et je trouve que cela manque souvent dans les livres d'aujourd'hui.

La deuxième chose qui me déçoit, c'est la qualité des textes. Le vocabulaire est beaucoup moins élaboré, les phrases sont souvent très courtes. On sent que le but recherché, c'est une lecture plaisir, pour distraire l'enfant, pour l'amuser, pour lui donner le goût des livres,... je comprends cela, mais je pense que conserver un certain niveau de français rend la lecture plus éducative sans pour autant nuire au plaisir de lire.

Évidemment, ce que je dis là ne concerne pas la totalité des livres, il y a encore, heureusement, des exceptions. Je regrette seulement que cela concerne une grande majorité de livres.

Enfin, et c'est là ce qui me pose le plus gros problème, très souvent, je n'apprécie pas les thèmes qui sont abordés dans les albums actuels.
Un thème transmet toujours une certaine idéologie. C'était le cas dans les livres anciens et c'est le cas dans les livres d'aujourd'hui. Par exemple, dans nos livres anciens, toutes les petites filles sont toujours en  jupe. Ce n'est plus le cas dans beaucoup de livres actuels.

Il y a notamment 2 types de thèmes qui ont fait leur apparition et qui me paraissent vraiment dangereux. Les deux ont un but "éducatif". Je suis obligée de faire attention aux livres que mon fils choisit à la bibliothèque alors que je n'aurais jamais cru que cela serait nécessaire à un si jeune âge.

Le premier concerne les livres à visée philosophique. Ils traitent des problèmes que les enfants peuvent rencontrer dans leur vie et de comment les surmonter (peur du noir, premier jour d'école, apprentissage du pot, divorce des parents, naissance d'un petit frère,...). Ils ont pour but d'aider les parents qui ne savent pas comment faire, à aborder ces sujets avec leur enfant. Ce n'est pas une mauvaise idée, mais très souvent, les choses ne sont pas abordées comme je voudrais le faire, ou pire, ils transmettent des valeurs en opposition avec celles que je veux inculquer à mon fils.
Par exemple, une fois, je feuilletais un album sur la vie de famille. A chaque page, papa ou maman faisait une action de la vie quotidienne (prendre sa douche, tondre la pelouse, faire la vaisselle,...). Et puis à une page, on voit papa et maman qui se crient dessus. Et le livre d'expliquer que les disputes entre les parents font aussi partie de la vie de famille ; que c'est normal, que ce n'est pas grave, qu'il ne faut pas s'inquiéter. J'imagine que le but est de rassurer l'enfant qui est témoin de cela à la maison, mais transmettre l'idée que la dispute et les cris sont une chose normale, je trouve que c'est grave, et même perturbant pour un enfant de famille chrétienne qui ne vit pas cela dans son foyer.
Et il y aurait aussi beaucoup à dire sur les livres qui ont fait récemment leur apparition dans notre médiathèque municipale comme "La fête des deux mamans",...

Le deuxième type de livres que l'on voit beaucoup, ce sont ceux qui concernent les sentiments des enfants.
On essaie de se mettre à la place de l'enfant, de comprendre ce qu'il peut ressentir dans telle ou telle situation. L'enfant se sent directement concerné et cela lui permet de mettre des mots sur ce qu'il ressent.
Voici un exemple qui rendra mon explication plus claire :
Le lieu d'accueil parents-enfants que nous fréquentons chaque semaine possède une bibliothèque enfantine conséquente. Et là, je peux difficilement contrôler ce que mon fils lit. Un jour, il choisit un livre qui s'intitule "Zaza au bain" et demande à une accueillante de le lui lire. C'est l'histoire d'un petit singe qui s'appelle Zaza. Sa maman l'appelle pour qu'elle vienne prendre son bain. Elle dit qu'elle arrive, mais elle n'obéit pas. Elle joue, dessine,... sa mère l'appelle à plusieurs reprise mais la petite fille ne veut pas aller au bain. Finalement, sa mère la met de force dans l'eau et la lave. La petite crie qu'elle n'aime pas le bain. Puis sa mère joue avec elle dans l'eau, et quand il faut sortir, la petite se remet à crier parce qu'elle ne veut pas sortir. La mère la sort quand même de l'eau et l'histoire se termine avec le coucher de la petite fille.
Mon fils semble passionné par cette histoire. Pour rire, il répète comme le petit singe : "non, pas le bain, pas le bain !". Je me demande intérieurement pour quelle raison on peut faire un livre pour mettre en scène les caprices d'un enfant, mais je ne m'inquiète pas, de toute façon, mon fils aime beaucoup faire le bain (oui, c'est bien le même qui n'aimait pas le bain les 3 premiers mois de sa vie et dont je parle dans mon article précédent ici ). Pendant plusieurs semaines, il nous demande à nouveau de lui lire ce livre qui l'amuse beaucoup. Et un beau jour (ou plutôt un triste jour), à l'heure du bain, il refuse de venir et dit "non, pas le bain". Je me dis qu'il veut plaisanter, imiter le livre, je prends ça à la rigolade, mais il semble de plus en plus sérieux quand il dit "non, pas le bain". La fois suivante, il se met même à pleurer pour ne pas aller au bain. Et il fait une crise au moment où je veux le sortir. Je suis obligée de lui dire fermement que ce n'est pas bien de faire comme Zaza, que Zaza ne veut pas obéir à sa maman, qu'elle mériterait une punition et que moi, je ne le laisserai pas réagir de cette façon. Il semble très surpris. Je réalise qu'il n'est pas capable d'analyser ce qu'est un bon ou un mauvais comportement quand il lit un livre, que j'aurais dû lui expliquer au moment de la lecture que ce n'était pas bien ce que faisait Zaza. Dans les jours qui suivent, les choses rentrent peu à peu dans l'ordre et il recommence à aller au bain avec joie.
Un jour, je décide d'en toucher quelques mots aux accueillantes. Je leur explique que mon fils a été très influencé par cette histoire et que le mettre au bain est devenu plus difficile.
Une accueillante me répond : " C'est normal, c'est l'âge du non, l'âge où il commence à s'affirmer. Parfois les enfants ne savent pas comment s'opposer à leurs parents, et les livres leur donnent un moyen de le faire. Ce livre lui a certainement donné une idée pour affirmer sa volonté. C'est bien, ça aide les enfants à grandir."
Je comprends mieux le but du livre. En gros, on se met à la place de l'enfant pour lui montrer comme dans un miroir, un reflet du comportement normal à son âge. L'enfant s'identifie tout à fait au personnage. Celui qui avait l'habitude de faire des caprices s'en trouve justifié, celui qui n'avait pas l'habitude apprend comment on fait.
Pour moi, maman chrétienne qui enseigne à mon enfant, à travers les histoires bibliques, l'importance de l'obéissance, je trouve ce genre de livre très dangereux. Mon enfant est peut-être particulièrement influençable, je ne sais pas, mais j'ai l'impression que ce genre de lecture vient saboter tout mon travail éducatif en matière d'obéissance.
Parmi les livres anciens que nous avons, il y a notamment quelques livres chrétiens de la collection "Annette et ses amis". Ces livres abordent des thèmes comme la joie de donner, l'importance d'aider, l'amour que Dieu a pour les enfants,... Quelle différence ! Nous y voyons un enfant qui a un comportement idéal, qui partage ses biscuits avec joie,... Ce genre de livres n'est pas du tout bien vu aujourd'hui. On dit que le but de ces livres est de formater l'enfant, de lui imposer une attitude qui n'est pas naturelle à son âge, qu'il vaut mieux s'attacher à faire des livres qui correspondent à ce que l'enfant ressent.
Et, bien entendu, la notion d'obéissance est bannie de beaucoup de livres d'aujourd'hui.
Peu à peu, les principes de l'éducation non violente, s'imposent et ils associent l'exigence d'obéissance à de la maltraitance envers l'enfant. Cela explique l'évolution des albums pour enfants.

Si nous n'adhérons pas à cette nouvelle vision de l'éducation, nous avons la responsabilité d'être extrêmement vigilants sur ce que lisent nos enfants car les albums sont un autre biais (en plus de la télévision, de l'école,...) par lequel le monde cherchera à imposer ses valeurs dans notre famille.

En résumé, voici donc mes critères pour le choix d'un bon livre pour mes enfants :
1) la transmission de bonnes valeurs
2) un langage de qualité
3) de beaux dessins soignés
4) une histoire intéressante qui émerveille l'enfant ou qui le pousse à la réflexion (je n'ai pas développé ce point, mais c'est souvent le cas quand le livre répond au critère n°1)

Et bizarrement, ces choses vont souvent ensemble. Je n'ai jamais vu un livre avec de beaux dessins soignés et un langage médiocre ou bien un livre qui transmet de bonnes valeurs avec de mauvais dessins.


Commentaires

  1. Bonjour Glycine,
    Merci pour ces précieux conseils ! Cela fait effectivement réfléchir sur les bons critères à prendre en compte sur les livres à acheter...
    Bonne continuation et merci pour le temps que tu mets à mettre tout cela par écrit !

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